• Le Réveil du « Deuxième Sexe » •

28 mars 2022
A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2022, les élèves de Terminale spé SES ont participé à un débat sur le place de la femme au Niger. Retour sur cet événement

Comment parler d’un Niger féministe ?

Qu’ils les appellent des rebelles, des contestataires, des bad girls, ou encore de « mauvaises musulmanes », nous préférons parler du seul terme qui convient et qui les définit le mieux ; FÉ-MI-NI-STES !

Que se passe-t-il ?

Le 8 mars dernier, se tenait la Journée Internationale des Droits des femmes dans le monde entier. À cette occasion, l’hôtel Bravia à Niamey accueillait une pépinière de personnalités nigériennes féminines et masculines dans la perspective de faire un bilan sur l’évolution de la place de la femme au Niger et sur son émancipation professionnelle, sociale et politique. Que ce soit en tant que directrices d’associations de conseils sur les relations conjugales, ou encore de plateformes juridiques, les plus grandes intellectuelles et entrepreneuses nigériennes étaient au rendez-vous pour débattre de la question de la condition féminine sans aucun filtre et avec la plus grande liberté, non sans inclure la gente masculine dans l’équation. Le représentant pays de l’ONU en faisait d’ailleurs partie. Les élèves de la Spécialité SES du Lycée La Fontaine ont dans cette optique été invités à assister à un débat libre, en tant que spectateurs et intervenants. Notre professeure de Sciences Économiques et Sociales, Mme Florence Rebeschini, nous accompagnait.
Un peu impressionnés par le luxe et l’aspect cérémonieux de l’hôtel, nous avons pénétré le lieu de la façon la plus intimidée qui soit. Après avoir été passés au crible par trois postes de contrôle de sécurité, nous prenons l’ascenseur en direction de la Salle Namaste, dans laquelle se tenait le débat. La salle de conférence est immense, mais aussi et contre toute attente, bondée ; plusieurs tables rondes et élégamment tenues peuplent le lieu, avec un panel de plus ou moins jeunes femmes vêtues de leurs tenues les plus vives, parfois traditionnelles comme de superbes pagnes de couleurs, parfois conventionnelles, comme des tailleurs sombres ajustés. Nous nous installons à des tables à l’arrière, animés du sentiment que nous n’avons pas notre place dans cette assemblée de femmes diplômées et confiantes, sur le point de nous délivrer des propos à la hauteur du prestige de l’évènement.
Issaram BERTHO Tle A,

Qui intervient ?

C’est sous la haute bienveillance de Mme Louise Aubin, la coordinatrice résidente des Nations Unies au Niger, que le grand débat féminin débute avec Mme Fatou Seydou du cabinet matrimonial Camani qui est la première à prendre la parole en présentant la cellule bénévole que représente le cabinet qui est en activité depuis 5 ans dans le pays, visant aussi à réduire les inégalités entre les hommes et les femmes. Il est alors fait part lors de ce grand débat des différents problèmes que rencontrent les époux qui font appel aux services du cabinet. En effet, Fatou Seydou souligne elle même que les difficultés auxquelles les ménages font face semblent insolites pour le statut du pays qui est en majorité musulman, problèmes qui ne manquent pas d’étonner l’assemblée.
Suite à l’intervention du cabinet Camani qui à suscité un grand émoi dans la salle, la Magistrate et présidente de l’ONG Chronique Judiciaire intervient en sensibilisant son auditoire face à l’accès à la justice qui n’est pas spontanément égalitaire au Niger. Elle insiste sur la stigmatisation des victimes de violence mais aussi du harcèlement sexuel. En sa qualité de Magistrate, Mme Goge Maimouna Gazibo, a mis en lumière, en cette journée des Droits des Femmes, les difficultés que celles ci rencontrent en matière juridique de par leur ignorance de leurs droits, ou le fait que l’on accorde peu de crédit à leur parole car ce sont justement des femmes.
Cependant, si la journée célèbre les Droits des Femmes à travers le monde, les hommes prennent aussi la parole pour défendre ces droits, c’est ainsi que le président de la Commission Nationale des Droits Humains a témoigné de son soutien envers les droits des femmes.
Lian Randrianasolo TleB,

Zoom sur la journée

Fatou Seydou, une combattante contre les dogmes et codes sociétaux établis

A L’occasion de la journée internationale des Droits de la Femme, il fut projeté, lors de cette conférence, un sketch de Fatou Seydou, directrice du cabinet Camani, mais aussi comédienne, réalisatrice et productrice, qui, à travers ces différents sketchs humoristiques, n’hésite pas à critiquer, sans filtre, ce qui constitue les maux des sociétés nigérienne et en général des sociétés patriarcales de nos jours.
En effet, le court métrage montre une épouse, travaillant, qui doit en toute circonstance faire la cuisine à son mari qui rentre tous les jours tard le soir après avoir passé la soirée à la Fada, un lieu où se réunissent des hommes pour discuter entre eux. L’élément qui porte l’intérêt à ce sketch est que l’épouse exaspérée par l’inégale répartition des tâches domestiques, cette fois décide d’émettre une critique véhémente du comportement de son mari. S’en suit une altercation avec un ton humoristique virant pratiquement au « clash ». Ainsi, l’épouse, tout en réussissant à ne pas laisser abattre, devra faire face aux remarques sexistes, misogynes et rétrogrades de son mari, du genre « si tu n’arrives pas à récupérer les enfants à l’école tu n’avais qu’à ne pas en faire » tout cela devant l’œil ébahi des domestiques. La chute du sketch intervient lorsque les deux personnages reçoivent un appel téléphonique les prévenant qu’ils ont oublié de chercher leurs enfants à l’école.

Après la vision de ce court métrage, les acteurs présents dans la conférence ont pris la parole pour s’exprimer et échanger leurs avis. Ainsi, sans surprise, les femmes ont été conquises. Les termes qui sont revenus le plus souvent pour dénoncer l’attitude du couple sont « L’égoïsme de l’homme » et « Le problème de communication »

Avec ses sketchs humoristiques, Fatou Seydou pointe habilement du doigt le rôle et la perception de la femme dans la société nigérienne, et globalement dans les sociétés africaines. Une vision de la femme qui serait soumise et obéissante à son mari, qui devrait entièrement porter à elle seule les tâches du foyer est condamnée.
David Akoubia Tle A